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Les émotions en entreprise

Façons de travailler

Parler des émotions en entreprise peut sembler déplacé, voire tabou, dans un monde professionnel souvent perçu comme rationnel et axé sur la performance. Les émotions ne sont-elles pas du domaine du privé, de l’intime ? En quoi les émotions vont-elles nous permettre d’atteindre nos objectifs ?  Pourtant, les émotions sont au cœur des dynamiques d’équipe : elles nourrissent la motivation, l’engagement et révèlent les freins et résistances au changement.   

Les reconnaître, c’est comme lire les voyants du tableau de bord d’un véhicule : elles indiquent des besoins satisfaits ou non. En les identifiant, on améliore la compréhension mutuelle et la qualité du travail collectif. 

Alors, comment faire des émotions un levier d’engagement pour renforcer la collaboration dans vos équipes ? 

Laisser de la place aux émotions

La première chose à faire, qui est peut-être la plus évidente mais pas toujours la plus courante, c’est d’autoriser les émotions à être là. 

Laisser de la place aux émotions c’est commencer par les normaliser. Oui, aujourd’hui votre collègue est peut-être plus fatigué qu’un autre jour, le stress semble s’être propagé dans votre équipe, vous sentez des tensions, des non-dits qui s’instaurent. Au contraire, l’atteinte des derniers objectifs a créé une certaine euphorie, les envies et prises d’initiatives vont bon train. 

Vous connaissez certainement l’exercice de la météo d’équipe ! Chacun évoque ses nuages, son soleil ou son orage. A travers cette métaphore il s’agit de prendre la température au sein d’une équipe, autoriser les uns et les autres à dire comment ça va. Cet exercice peut se faire quotidiennement ou de manière hebdomadaire. C’est le bon moment pour dire et partager son humeur. 

La clé pour une météo révélatrice des émotions dans une équipe ? Créer un espace sécurisant. 

  • Qu’est-ce qui empêche les personnes de dire réellement comment elles se sentent ?
  • Ont-elles peur d’être reléguées sur le banc de touche à la moindre faiblesse ?
  • Va-t-on réellement faire confiance à quelqu’un qui confie ses doutes ?
  • Dire qu’on est stressé, est-ce se montrer à la hauteur des enjeux qui nous attendent ? 

Alors, managers, directrices, directeurs, leaders : soyez exemplaires ! Osez mettre des mots sur vos émotions, les vraies ! Vous légitimerez la présence des émotions, contribuerez à une meilleure communication et coopération dans un cadre de confiance et de transparence. 

Facilitateurs, facilitatrices, c’est le moment d’aider votre équipe à faire un pas de côté ! Ce qui compte, ce n’est pas l’exercice en soi, mais la manière de le faire vivre. Dans votre boîte à outils, vous pouvez : 

  • Varier les pictogrammes de la météo pour éviter la routine. 
  • Donner la liberté d’évoquer du personnel si cela impacte le pro. 
  • Créer un climat sécurisant où l’on ne se sent pas jugé pour dire “ça ne va pas”. 

Lors d’une météo d’équipe que j’animais, un participant a dessiné du verglas. En creusant, il a expliqué : “Je me sens sur un terrain glissant, j’ai peur de faire une erreur”, c’est ce qui a ouvert la porte à une discussion plus approfondie sur la culture d’entreprise concernant le “droit à l’erreur”.

 

Comprendre ce que disent nos émotions

Autoriser les émotions à s’exprimer est une chose, mais les comprendre en est une autre. Derrière chaque réaction — porte claquée à la moindre contrariété, agitation à l’approche d’une échéance, colère ou retrait — se cache un besoin non exprimé.  

Avez-vous déjà osé demander de quoi avaient besoin vos collègues ? Et vous-même, avez-vous déjà essayé d’exprimer vos propres besoins ? Si les émotions existent c’est qu’elles sont là pour vous délivrer un message et apprendre à mieux vous connaître. 

Alors, faisons “pause” un instant. Prenons le temps de déchiffrer le message qu’essaient de nous transmettre nos émotions. 

Quand vous êtes triste ou que votre collègue vous semble triste, c’est souvent le signe d’un besoin de réconfort. Quant à ce collègue qui est tout le temps sur les nerfs et qui ne semble réagir qu’à travers la colère, son besoin de reconnaissance est-il suffisamment nourri ? Peut-être reconnaissez-vous ce collègue qui ne saute jamais à pieds joints dans les nouveaux projets, qui semble avancer à reculons et qui répète qu’il ne se sent pas à la hauteur dès qu’on lui confie une nouvelle mission. Quel est le message que la peur essaie de lui transmettre ? Qu’en est-il de son besoin de sécurité ? 

Prendre le temps d’être attentifs aux autres c’est un réel gain de temps et d’efficacité. Au lieu de se murer dans le silence, de grogner dans son coin, de mettre ses frustrations sous le tapis, osons nous tourner les uns vers les autres et nous demander tout simplement : Comment vas-tu ? De quoi as-tu besoin ? 

Parler de ses émotions pour mieux gérer les conflits

J’ai récemment animé un atelier sur les émotions avec une équipe en grande difficulté relationnelle. Pour cela, j’ai utilisé le concept des timbres émotionnels issus de l’analyse transactionnelle : les émotions non exprimées sont stockées au fil du temps, comme des timbres que l’on collectionne, jusqu’à un moment où l’on "paye" en les libérant souvent de manière disproportionnée ou inappropriée. 

Sur chacun des timbres posés sur la table, j’ai demandé aux participants de rédiger une situation qu’ils avaient vécu et qui avait généré chez eux un inconfort toujours d’actualité en identifiant les émotions présentes en eux.

Je les ai ensuite invités à poursuivre l’introspection en les amenant à réfléchir individuellement à ces trois questions : 

  • Selon moi, qu'est-ce qui fait que je n'ai pas parlé : quelles ont été mes pensées, mes croyances, mes intentions ? 
  • Quels ont été mes comportements en lien avec mes émotions : par exemple, j'ai accumulé de la colère, comment me suis-je comporté ? 
  • Quels sont les besoins personnels révélés par ces situations ? 

Puis, est venu le temps du partage collectif. A travers un cadre clair, je leur ai proposé de suivre la trame de la communication non-violente, une structure simple et puissante : 

  • Observation : j’expose factuellement la situation vécue 
  • Sentiment : j’exprime les émotions que j’ai ressenti 
  • Besoin : je partage le besoin que cela révèle chez moi 
  • Demande : je formule une demande afin de répondre à mon besoin 

Ce cadre aide à exprimer les choses sans accuser, ni juger et à parler de soi. Si cet atelier a eu le mérite de mettre sur la table les conflits et les tensions, les relations étaient tellement abîmées que les participants ont "joué le jeu", mais sans vraiment y croire et les effets n’ont été qu’éphémères. Pour recréer un cadre sécurisant, il aurait fallu un accompagnement régulier, un engagement managérial, un vrai changement de culture. 
 
Néanmoins, je reste persuadée que les émotions ne peuvent être ignorées. Si elles ne sont pas dites, elles s’expriment autrement : absences, désengagement, passivité, agressivité latente… N’oublions pas que les émotions ne sont ni bonnes ni mauvaises. Elles sont des signaux et les prendre en compte c’est se doter d’une boussole collective solide pour une équipe performante ! 

Alors êtes-vous prêt à mettre les émotions au cœur de l’entreprise ? 

Nous sommes pour vous y aider, contactez nous !

Article rédigé par

Doris Daviet

Co-pilote du changement